Critique de Printeurs

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Écris par Lionel Dricot sous son pseudonyme Ploum, Printeurs est un roman que l’on pourrait classifier de Cyberpunk. On y retrouve des questions sur le transhumanisme, la question de l’identité / du moi. Un modèle de société autoritaire. Le pouvoir réuni dans les mains de très peu de personne et qui dirigent dans l’ombre. Une critique de la publicité (abordant évidemment la question de la manipulation de masse, celle d’un individu par le ciblage) filé tout le long du roman. Le danger des monopoles, qui tentent de stopper l’innovation pour rester en place. Du rapport au travail, du productivisme à tout prix, quitte à produire de l’inutile. De lutte des classes (plus évolué que Prolétariat vs - Bourgeoisie). Bref énormément de question que je me pose depuis mon adolescence et qui coulent de source quand on lit le blog de Ploum.

À l’origine publié sous forme de feuilleton sur son blog c’est maintenant sous forme de roman (physique et numérique)

Si ma mémoire est bonne, j’ai découvert le blog de Ploum dans la période ou il publiait Printeurs sur son blog. Je n’avais pas accroché car

  • j’étais arrivé en cours de route
  • je n’avais pas commencé par le début
  • la lecture de chapitre (même court) n’est pas adapté à un écran d’ordinateur

On peut donc se demander pourquoi j’ai participé à la campagne Ulule pour me procurer Printeurs ?!

Pourquoi j’ai financé ce projet ?

Parce-que je l’ai bien financé comme un projet, pas comme l’achat d’un livre.

La campagne proposait une philosophie qui me plaît et qui n’est pas assez courante dans le milieu de l’édition à mon goût.

L’initiative du projet Print@Home

Un format sous Creative Commons pour imprimer son bouquin sois même à la maison. Étant très sensible au milieu de l’open-source depuis mes débuts sur le net, de manière générale au partage et aux communs forcément ça donne envie d’aider les personnes qui prennent ce genre d’initiative !

Les visuels des couvertures des livres de la collection Ludomire

Il y a une vraie identité visuelle malgré la disparité des auteurs. J’aime beaucoup ce rendu papier-carton recyclé imprimé en monochrome. Cette “simplicité” interpelle au milieu des livres aux couvertures plus génériques les unes que les autres.

Des ePubs sans DRM

À mon sens les DRM sont une aberration sans nom et ne devraient simplement pas exister. Même si je suis capable de me débarrasser des DRM sur un ePub (Calibre + DeDRM_tools), ce n’est pas une politique que je souhaite soutenir. Donc un éditeur qui s’autopublie sans DRM, ça me fait plaisir et je veux les soutenir dans cette démarche.

Quel est le palier que j’ai choisi

Printeurs papier + Collection Ludomire e-book (50 €). C’est un sacré plaisir que je me suis fait.

J’achète peu de bouquin papiers et je me suis débarrassé d’une bonne partie il y a quelques années (offerts et vendus). En vérité tellement il est compliqué d’acheter des bouquins sans DRM j’en achète pas du tout et je me fournis… autrement. Pour une fois j’ai voulu retourner au papier par curiosité après ~6 ans de lecture exclusive sur ma PocketBook Touch Lux 3, tout en me disant que je pourrais prêter ou offrir le livre plus tard à des personnes réfractaires aux liseuses.

Eh ben il y a pas à chier, la lecture sur liseuse est bien plus confortable, on peut :

  • adapter la taille de la police
  • choisir la police
  • avoir la définition d’un mot (ou sa traduction quand on lit dans une langue étrangère)
  • lire dans le noir
  • on ne perd pas notre page en faisant tomber le livre

D’ailleurs, mon prochain achat sera probablement la InkPad 3 (pas la pro, je ne suis pas prêt à sacrifier l’extension microSD pour de l’étanchéité et mettre 70 € de plus)

Et donc avec ce pack Printeurs, j’ai tous les autres livres de la collection Ludomire, donc plein de lecture ^^.

Ce que j’ai pensé de Printeurs

Déjà visuellement, c’est un bel ouvrage. Comme expliqué plus haut, j’aime beaucoup la couverture. On est sur un papier respectueux de l’environnement, recyclé, non-brillant, non-plastifié. J’ai beaucoup apprécié des petits détails comme le chapitrage en nombre binaire.

Maintenant que j’ai discuté de un peu tout ce qui entoure Printeurs, sauf l’histoire, on va pouvoir en parler ^^.

L’histoire est très prenante, Avant même de terminer le premier chapitre, j’étais déjà immergé dans cet univers dystopique qui nous est dépeint. Peut-être bien parce qu’au final on est dans une fiction qui n’est pas si loin de notre réalité.

  • Privatisation des entités publiques / Capitalisme
  • Répression policière de plus en plus virulente.
  • Distanciation sociale pour éviter de propager des maladies.
  • Omniprésence de la publicité et piège de la gratuité.
  • Duplication via scan et impression (je ne vais pas aller plus loin pour ne pas spoil, mais on est bien au-dessus de ce qu’on appelle impression 3d de nos jours).
  • Internet / Vie Privée / Chiffrement.
  • Rapport au moi par le biais du transhumanisme, contrôle de corps à distance.
  • Dénigrement des chômeurs

Je ne sais pas comment on pourrait qualifier le genre scénaristique de cette histoire, en tout cas on suit Nelio repéré pour finaliser le projet Printeurs. Qui découvre un tout nouveau monde en sortant du sentier battu par la société dans laquelle il vit. Ce qui permet au fil de l’aventure de questionner cette société (et par extension la nôtre). Cette remise en question de tout le rends paranoïaque et nous tiens en haleine jusqu’au dénouement final.

Bref, J’ai adoré ce livre, cette histoire. Le récit est bien mené de bout en bout. Tout se tient et le suspense est savamment dosé. Je vous le recommande chaudement !

À vrai dire, ma plus grosse crainte en finançant ce projet était de lire un roman amateur, mais je n’ai pas du tout eu ce sentiment en le lisant. C’est largement à la hauteur de tout ce que j’ai pu lire auparavant. C’est à dire entre autres :

  • Les livres de Isaac Asimov (Tout ce qui concerne L’histoire du futur)
  • Les livres de Dune de Frank Herbert et l’univers étendu co-écris par Brian Herbert et Kevin J. Anderson
  • L’Histoire du futur par Robert A. Heinlein

Donc pour ceux qui seraient rebutés par la littérature amateur (je suis incapable de lire les romans de Naheulbeuk à cause de ça) vous pouvez y aller en toute confiance.

Ploum nous fait de la littérature de très bonne qualité.

Le futur de la collection Ludomire

Très peu de temps après la fin de la campagne Printeurs, PVH ÉDITIONS a lancé une nouvelle campagne d’édition pour publier une suite à Ceux qui changent d’Aquilegia Nox ; Ceux qui viennent

Malheureusement cette campagne a échoué, je vais me tenter à l’exercice d’une explication au doigt mouillé de cet échec. C’est une explication qui m’est totalement personnel, fortement biaisé par mon point de vue et vécu et qui ne remet aucunement en cause la qualité de “Ceux qui changent” que je n’ai pas encore lu. Je compte bien m’attaquer à cette collection Ludomire une fois terminé l’univers étendu de Dune.

Premièrement cette campagne à eu lieu trop peu de temps après celle de Printeurs (Printeurs terminé le 23 septembre, “Ceux qui viennent” commencé le 15 octobre). L’adage dit de battre le fer tant qu’il est encore chaud, mais quand on s’adresse au porte-monnaie il faut lui laisser le temps de se renflouer.

Secondement, pour une campagne liée à la précédente (cf les contre-parties), après un temps si court. Les contre-parties n’étaient pas adaptées à ce qu’aurait pu choisir les financeurs du projet précédent. J’avais pris un pack contenant tout les livre (numériques) de la collection Ludomire, pas un seul palier sur cette campagne qui me permette de prendre uniquement “Ceux qui changent” en numérique. Il y avait bien le palier à 15 € pour le livre en physique, mais pas de numérique en bonus. En vrai, le format numérique, c’est dommage de ne pas le fournir en bonus du physique. Ça ne coûte rien et ça fait plaisir. Dommage.

Troisièmement, on vend une suite non-écris (non-commencé ?) contrairement à la campagne Printeurs qui permettait de financer l’édition d’un livre terminé ET financer une suite “Bonus” en cas de dépassement d’un certain palier. La différence est subtile, mais elle est là dans l’esprit d’une personne prête à mettre de l’argent sur la table.

Quatrièmement, On a perdu l’essence du partage de la campagne précédente : Print@Home Creative Commons qui était un vrai atout sur la campagne Printeurs.

Et pour finir, la communication : Pour Printeurs, on avait Ploum qui était à fond dessus et qui a pas mal écrit sur son blog, sur Mastodon pendant la campagne. Pour communiquer autour du projet, de la philosophie du partage, remerciait ceux qui partageaient le projet, etc. Il a aussi communiqué pour cette 2ème campagne qui le concernait pourtant beaucoup moins. Mais avec tous les points énoncés précédemment, je n’ai pas eu le déclic qui m’avait poussé à financer Printeurs.

J’espère sincèrement que cette suite réussira à sortir même si c’est en dehors d’une campagne Ulule. Je payerai mes 10 € pour la version ePub sur la boutique de PVH ÉDITIONS si le premier tome me plaît ^^.

Conclusion

Lisez Printeurs, c’est génial.

Lisez le blog de Ploum, c’est inspirant.

Merci de m’avoir lu, j’espère ne pas avoir été trop long, vous avoir donné envie de lire Printeurs, et ne pas avoir été trop chiant à lire !

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